Ainsi, selon la ministre, le caractère théorique – et donc ennuyeux – des cours est la cause de l’échec au collège. Créer des enseignements « pratiques » ferait réussir tous les élèves. Ajoutez l’individualisation des parcours, vous aurez la réforme. Les mêmes clichés ont inspiré jadis la réforme du lycée, puis celle des rythmes. Ce prétendu pragmatisme cache des représentations erronées : en maths ou en EPS, les élèves ont à construire une réflexion sur les évidences en articu - lant observation, application, formalisation, qu’il ne faut surtout pas penser en blocs disjoints. Dissocier théorie et pratique, c’est reprendre la vieille oppo - sition entre élèves « manuels » (de milieu populaire, naturellement) et « intel - lectuels », c’est essentialiser les inégalités pour mieux les perpétuer. Nous sommes loin du « tous capables » inscrit dans la loi. L’individualisation isole les élèves dans la difficulté. Conjuguée à l’autonomie des collèges, elle met en concurrence inégalitaire ...