Ne pas chercher de cohérence idéologique dans le programme
économique du FN. Il n'y en a aucune. Ce programme est une sorte de
monstre à plusieurs têtes, alliant analyses, slogans et références de
gauche, rengaines économiques portées par une partie de la droite et de
l'extrême droite depuis des décennies, le tout nappé de la sacro-sainte
préférence nationale (rebaptisée «priorité nationale»), bien présente même si le FN ne la place plus en tête de gondole.
Le FN promet ainsi de traiter le chômage en réindustrialisant le pays, en soutenant les PME, en réformant la formation professionnelle. Il propose d'indexer les salaires sur l'inflation, avance plusieurs modifications fiscales (progressivité de l’impôt, suppression de niches fiscales, hausse des impôts pour les sociétés du Cac 40, TVA majorée sur les produits de luxe), la taxation des délocalisations des services, le renforcement du petit commerce face à la grande distribution et dans les zones rurales, ou encore l'encadrement des prix du gaz, de l’électricité et des produits de base.
Des idées dont il est difficile d'apprécier la portée, puisque aucune n'est assez détaillée ni chiffrée.
Le FN ne craint pas, pour tancer la réforme des retraites de Nicolas Sarkozy, d'en dénoncer le caractère «inefficace et injuste» : précisément la formule sur laquelle s'étaient accordés les syndicats à l'automne 2010. A cette époque pourtant, le FN n'avait guère été en tête de la mobilisation. Il promet un retour à 40 ans d'annuités pour une retraite à taux plein (contre 41,5 ans aujourd'hui) et un retour «progressif» à l’âge légal à 60 ans, sans indiquer néanmoins les modalités de ce retour et la façon il sera financé. L'important est ailleurs : avec cette proposition, le FN se démarque de Nicolas Sarkozy, de François Hollande dont la position sur le sujet n'est pas très claire, mais aussi du Front de gauche qui prône un retour immédiat à l'âgé légal à 60 ans. Se démarquer avant tout dans l'offre politique, voilà bien la priorité.
Concernant le logement social, «seules les personnes qui peuvent légitimement y prétendre pourront conserver» leur habitation : il faut donc comprendre, même si ce n'est pas dit, que les autres seront expulsés de chez eux. Le minimum vieillesse serait également réservé aux Français, et supprimé pour les étrangers qui ne vivent pas en France et/ou y ont travaillé moins de 10 ans. Une rupture totale avec l'esprit des lois de Sécurité sociale de 1945.
Le FN décrit un scénario économique post-présidentielle simplissime : la France sort de l'euro, se débarrasse de toutes les règles commerciales en vigueur dans l'Union européenne, a tout loisir de faire marcher la planche à billets. Ainsi, elle relance son économie, via une «réindustrialisation» «planifi[ée] par l'Etat». Rien de plus simple, et tant pis si la sortie de l'euro risque (entre autres) de provoquer une très grave récession et de relancer une concurrence économique effrénée avec nos voisins européens.
«Des droits de douane ciblés et quotas d’importation» seraient imposés à la Chine et aux pays de l'Est. Ces taxes aux frontières, dont le montant n'est nulle part évalué, serviraient à leur tour à financer certaines politiques publiques comme la dépendance. Une loi «Achetons français» «favorisera toutes les productions françaises, y compris au niveau très local», «dans le domaine de l’artisanat de l’industrie ou de l’agriculture». Pourtant, il est en réalité très difficile de dire ce qu'est un produit français, sans compter qu'une telle labellisation ne pourra pas à elle seule relancer la machine économique…
C'est aussi en fidélité à cette tradition que le FN souhaite rendre possible les dérogations aux 35 heures, tout en affirmant que ces renégociations ne peuvent déboucher que sur des hausses de salaires – une pierre dans le jardin de Nicolas Sarkozy et de ses «accords compétitivité emploi», qui ouvriraient la voie à des baisses de salaire.
La réalité économique est malheureusement un peu plus complexe que le monde fantasmatique décrit par Mme Le Pen.
- Accents de gauche
Le FN promet ainsi de traiter le chômage en réindustrialisant le pays, en soutenant les PME, en réformant la formation professionnelle. Il propose d'indexer les salaires sur l'inflation, avance plusieurs modifications fiscales (progressivité de l’impôt, suppression de niches fiscales, hausse des impôts pour les sociétés du Cac 40, TVA majorée sur les produits de luxe), la taxation des délocalisations des services, le renforcement du petit commerce face à la grande distribution et dans les zones rurales, ou encore l'encadrement des prix du gaz, de l’électricité et des produits de base.
Des idées dont il est difficile d'apprécier la portée, puisque aucune n'est assez détaillée ni chiffrée.
Le FN ne craint pas, pour tancer la réforme des retraites de Nicolas Sarkozy, d'en dénoncer le caractère «inefficace et injuste» : précisément la formule sur laquelle s'étaient accordés les syndicats à l'automne 2010. A cette époque pourtant, le FN n'avait guère été en tête de la mobilisation. Il promet un retour à 40 ans d'annuités pour une retraite à taux plein (contre 41,5 ans aujourd'hui) et un retour «progressif» à l’âge légal à 60 ans, sans indiquer néanmoins les modalités de ce retour et la façon il sera financé. L'important est ailleurs : avec cette proposition, le FN se démarque de Nicolas Sarkozy, de François Hollande dont la position sur le sujet n'est pas très claire, mais aussi du Front de gauche qui prône un retour immédiat à l'âgé légal à 60 ans. Se démarquer avant tout dans l'offre politique, voilà bien la priorité.
- La préférence nationale pour les prestations sociales, le logement et l'emploi
Concernant le logement social, «seules les personnes qui peuvent légitimement y prétendre pourront conserver» leur habitation : il faut donc comprendre, même si ce n'est pas dit, que les autres seront expulsés de chez eux. Le minimum vieillesse serait également réservé aux Français, et supprimé pour les étrangers qui ne vivent pas en France et/ou y ont travaillé moins de 10 ans. Une rupture totale avec l'esprit des lois de Sécurité sociale de 1945.
Le FN décrit un scénario économique post-présidentielle simplissime : la France sort de l'euro, se débarrasse de toutes les règles commerciales en vigueur dans l'Union européenne, a tout loisir de faire marcher la planche à billets. Ainsi, elle relance son économie, via une «réindustrialisation» «planifi[ée] par l'Etat». Rien de plus simple, et tant pis si la sortie de l'euro risque (entre autres) de provoquer une très grave récession et de relancer une concurrence économique effrénée avec nos voisins européens.
«Des droits de douane ciblés et quotas d’importation» seraient imposés à la Chine et aux pays de l'Est. Ces taxes aux frontières, dont le montant n'est nulle part évalué, serviraient à leur tour à financer certaines politiques publiques comme la dépendance. Une loi «Achetons français» «favorisera toutes les productions françaises, y compris au niveau très local», «dans le domaine de l’artisanat de l’industrie ou de l’agriculture». Pourtant, il est en réalité très difficile de dire ce qu'est un produit français, sans compter qu'une telle labellisation ne pourra pas à elle seule relancer la machine économique…
- Rhétorique ultralibérale et priorité aux petits patrons
C'est aussi en fidélité à cette tradition que le FN souhaite rendre possible les dérogations aux 35 heures, tout en affirmant que ces renégociations ne peuvent déboucher que sur des hausses de salaires – une pierre dans le jardin de Nicolas Sarkozy et de ses «accords compétitivité emploi», qui ouvriraient la voie à des baisses de salaire.
- Haro contre les syndicats
- Suppression de l'ISF et instauration d'une TVA sociale déguisée
La réalité économique est malheureusement un peu plus complexe que le monde fantasmatique décrit par Mme Le Pen.
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