L'église Sainte-Jeanne-d'Arc d'Ydes, dite église des mineurs [1].
Au tournant des XIXe et XXe siècles, les houillères de Champagnac étaient le principal bassin minier - et le seul de charbon - du département du Cantal et connaissaient alors un important essor. Celles-ci se situent aujourd'hui au niveau des communes de Champagnac et d'Ydes.
La commune d'Ydes disposait déjà d'une église depuis le XIIe siècle, mais celle-ci était assez éloignée des lieux de vie et de travail des mineurs qui devaient faire un long chemin à pied pour s'y rendre, ce qui pouvait s'avérer difficile en hiver. L’église de Champagnac était dans la même situation puisqu’elle se situait dans son bourg et non au Bois-de-Lempre. Dans les deux cas, ces églises étaient à plus de trente minutes de marche de la partie minière de la commune. C'est ainsi que la direction de la mine prit l'initiative de solliciter l'évêché de Saint-Flour pour lui demander la construction d'une église plus proche de la mine et des logements de ses employés, comme en témoignent les nombreuses lettres qui ont été échangées à ce sujet à partir des années 1880.
À cette époque, la compagnie minière avait déjà fait construire une chapelle et avait demandé qu’elle soit reconnue par l’évêché et qu’un prêtre puisse y officier en 1883. Le curé d’Ydes fut ainsi autorisé à y donner la messe à partir de 1884. Mais celle-ci s'avéra rapidement trop petite avec la forte augmentation du nombre de mineurs et la compagnie commença donc à presser l’évêché pour qu'il finisse par lui accorder cette nouvelle église. Celle-ci ne leur fut cependant pas accordée facilement et plusieurs points étaient source de dissensions, notamment les aspects financiers [2].
Un accord semblait avoir été trouvé vers 1902 et prévoyait un financement de 40 000 francs de la compagnie et un prélèvement de deux journées de travail sur le salaire des mineurs [3]. Mais ce n'est qu’en 1919 que l’archevêché accepta de faire de l'Hôpital-Ydes une paroisse autonome et donc d'y faire construire une nouvelle église. L’arrivée de nombreux Polonais, souvent très pratiquants, peut expliquer la réalisation de ce projet à ce moment après quarante années de tergiversation.
Cette construction fut en grande partie financée par des dons des mineurs et des habitants de la nouvelle paroisse, tandis que la compagnie minière participa en accordant une subvention annuelle de 300 francs - environ 400 € aujourd’hui - à l’église [4]. Construite de 1922 à 1923, cette nouvelle église entra finalement en service le 15 avril 1923. Par la suite, elle fut agrandie en 1941-1942 et dotée de cloches en 1943. Son clocher définitif fut, quant à lui, construit dans les années 1950.
En 1958, les mineurs offrirent la croix des Mineurs qui avait été fabriquée dans les ateliers de la mine. Celle-ci est encore présente dans l'église, et les lampes qui la composent sont allumées lors des obsèques des anciens mineurs ou de leurs épouses. Le cas de Champagnac est loin d’être une exception et de nombreuses compagnies minières avaient doté leur cité ouvrière d’église [5].
[1] Cette église fut achevée trois ans après la canonisation de Jeanne d’Arc, ce qui explique ce nom.
[2] « Correspondance du diocèse de Saint-Flour ».
[3] Urbain Gohier, On quête, 14 février 1902, L’Aurore : littéraire, artistique, sociale
[4] Pascale Chappot, « “L’église des mineurs” ou église Sainte-Jeanne-d’Arc à Ydes-centre », Revue de la Haute Auvergne, juillet 2020, p. 329 340.
[5] Diana Cooper-Richet, Le peuple de la nuit: mines et mineurs en France, XIXe-XXe siècle, Paris, Perrin, 2002, 441 p., (« Terres d’Histoire »).

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