22 juin 1848 : début des Journées de Juin à Paris, un événement
important de la Deuxième République (1848-1852) puisqu'il vit des ouvriers de
la capitale se révolter contre le gouvernement provisoire et être violemment
réprimé dans un contexte d'espoir social. Le régime monarchiste venait d'être
renversé en février 1848 suite à une révolution et la question de l'orientation
politique de ce nouveau régime se posait entre les partisans d'une république
conservatrice, majoritaire à l'Assemblée et à la tête du gouvernement
provisoire, et les partisans d'une république plus sociale.
La situation économique était alors difficile avec une augmentation du chômage
et de nombreux ouvriers ne survivaient que grâce aux ateliers nationaux obtenus
en mars 1848 sur demande du socialiste Louis Blanc (1811-1882), alors au
gouvernement et président de la Commission du Luxembourg chargé des questions
liées au travail. Ce dernier était l'un des précurseurs du droit au travail en
limitant la durée de travail, en supprimant le livret ouvrier et en créant les
ateliers nationaux qui étaient financés par l’État et embauchaient jusqu'à 115
000 ouvriers. Mais le nouveau gouvernement élu en mai, épuré de ses éléments
progressistes, décida rapidement d'y mettre fin car ils coûtaient cher et
étaient aussi vus comme des lieux où les idées socialistes pouvaient se
répandre, ce qui effrayaient les républicains conservateurs et la bourgeoisie.
L'Assemblée nationale constituante vota donc leur suppression de la capitale
les 19 et 20 juin, avant que leur fermeture ne soit annoncée le 21 juin, tout
en proposant aux ouvriers de s'engager dans l'armée où de partir en province
pour rejoindre les ateliers nationaux s'y trouvant encore.
Cette annonce, ainsi que les menaces du ministre de l'Intérieur, déclencha
aussitôt le début de cette insurrection ouvrière qui dura plusieurs jours.
L'agitation débuta en plusieurs lieux de la capitale dès le 22 juin puis
s’étendit le lendemain lorsque des barricades furent érigées dans Paris, avant
que des affrontements ne débutent contre l'armée commandée par le général Cavaignac
(1802-1857), qui devint d'ailleurs le nouveau chef de l'État quelques jours
après. Ces affrontements durèrent quatre jours et se soldèrent par la défaite
des insurgés tandis que les dernières barricades tombèrent le 26 juin dans le
faubourg Saint-Antoine. La répression des insurgés fut lourde et on estime que
4 000 à 5 000 d'entre eux moururent lors de ces affrontements, que 4 000 autres
furent arrêtés et déportés en Algérie, que 1 500 furent fusillés et que
plusieurs milliers furent enfin condamnés à des peines de prison. Les formes
armées et les gardes nationaux fidèles au régime perdirent de leur côté 1 600
hommes. Tous ces chiffres ne sont cependant qu’approximatifs.
Ces événements servirent ensuite de prétextes à des lois répressives envers les
mouvements sociaux, par exemple contre les clubs révolutionnaires. Ils
marquèrent également la victoire finale des conservateurs du Parti de l'Ordre,
déjà majoritaire à l'Assemblée et au gouvernement, qui s'imposèrent durant la
Seconde République et dont plusieurs membres avaient soutenu la candidature de
Louis-Napoléon Bonaparte (1808-1873) à l'élection présidentielle de 1848 puis
son renversement de la République en 1852. Enfin, cette répression et les
mesures antisociales prises par la Seconde République la rendit impopulaire aux
yeux des classes populaires et cela explique en partie le peu de réaction lors
de son renversement, alors même qu'elles avaient été un soutien des
républicains face à la monarchie de Juillet puis qu'elles avaient eu un rôle
important dans l'instauration de la République.
Cette défiance des classes populaires et de leurs représentants contre une
république jugé bourgeoise qui les réprimaient tout autant que le précédent
régime se poursuivit d'ailleurs pendant près d'un siècle, avec notamment le
choix des communistes et de certains socialistes de ne pas participer aux
divers gouvernements de la Troisième République.
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