b) Des gisements peu importants et
de mauvaises qualités.
La
mine de Champagnac devait aussi faire face à un problème géologique, les
gisements de locaux étaient en effet de forme irrégulière et coupés par de
nombreuses failles ce qui ralentissait l’extraction du charbon en empêchant
l’usage de certaines machines, notamment les haveuses, et en forçant à stopper
régulièrement l’exploitation d’un filon pour en chercher un autre. L’utilisation
de certaines méthodes d’extraction plus moderne durent également être
abandonnées à cause de l’état des veines. La méthode dite de Champagnac,
considérée comme moins efficace, devait ainsi être abandonnée mais cela ne put
être réalisé que dans une minorité de chantiers[1].
Si
d'autres gisements existent en profondeur, les rechercher et débuter leur
exploitation représentaient un coûts important supplémentaire et les Houillères
d'Auvergne ne souhaitent pas réaliser un tel investissement pour une mine déjà
en déficit, surtout que rien n’indique que ces gisements seront de meilleur
qualité. Ainsi plusieurs rapports entre 1947 et 1948 localisent deux millions
de tonnes de réserve de charbon, et estiment qu’il y a cinq millions de tonnes
de charbon au total dans les sous-sols du bassin de Champagnac, sois une
cinquantaine d’années d’exploitation. Ces rapports estiment cependant que des travaux
importants et couteux sont nécessaire pour en extraire la plus grande partie
des réserves localisées et que d’ici deux ans maximum les veines en cours
d’exploitation seront épuisées, il y a donc urgence à effectuer ces travaux
pour que l’extraction du charbon ne s’interrompe pas[2].
Ceux-ci furent réalisés mais les nouveaux gisements présentaient le même
problème et dix ans plus tard la mine fut confrontée à la même difficulté puisqu’un
rapport publié en 1957 estimait qu’en 1955 les réserves connues de charbon
s’élevait à 1.170 millions de tonnes, soit une dizaine d’année d’exploitation,
et seulement 421 000 tonnes qui le seraient nécessiter de creuser de
nouvelles galeries et puits.
Il
est alors estimé que pour atteindre des réserves de 200 000 tonnes il
faudrait un investissement de 200 millions de francs[3],
sois 1000 francs supplémentaires aux prix de reviens d’une tonne.
Les
Houillères d’Auvergne affirment ainsi que l’exploitation de nouveaux gisements pour
une dizaine d’années demanderait un investissement total évalué entre 700 et
800 millions de francs[4],
les Renseignements Généraux de leur côté estime en 1958 que l’investissement
serait de 350 millions de francs. Si les Houillères peuvent être tentée de
grossir les chiffres pour justifier la fermeture, la poursuite de
l’exploitation aurait demandé un investissement de plusieurs centaines de
millions de francs tout en s’assurant que dix années de fonctionnement
supplémentaires avant de devoir réaliser de nouveaux de telles dépenses en
l’absence de gisement suffisamment importants pour assurer une longue exploitation.
Chaque gisement mis en exploitation verrait donc son coup de revient, déjà trop
élevé, être grevé par le coup des recherches et de sa mise en exploitation.
Dans ces conditions il était difficilement envisageable de poursuivre
l’exploitation de la mine de Champagnac tout en souhaitant rentabiliser la
production de charbon français et réduire le déficit de Charbonnages de France.
L’exploitation doit également faire face à des infiltrations d’eau nécessitant
des travaux d’entretiens, donc non productifs, importants[5],
réduisant encore la productivité de l’exploitation.
La
qualité du charbon extrait à Champagnac est également un souci du fait de sa
forte teneur en cendre et en impuretés[6], celui-ci
nécessite donc plus de traitements en surface, augmentant son cout de revient.
L’écart entre la productivité au fond et la productivité de jour/fond fut donc
particulièrement important à Champagnac, ainsi en 1958 la mine de Champagnac
était parvenue à un rendement au fond de 1598kg jour.mineurs, rattrapant
presque la moyenne des Houillères d’Auvergne à 1637 et devançant les mines de
Messeix et de Brassac, mais en restant en retard sur la moyenne nationale. Son
rendement jours/fond s’élevait lui à seulement 942, soit une perte de 41.1%, le
rendement jours/fond moyen des Houillères était alors bien plus élevé à 1133,
le traitement en surface ne faisant perdre en moyenne que 30.7%[7], même en
réduisant le personnel nécessaire pour extraire le charbon la mine de
Champagnac devait garder d’importants effectifs en surface ce qui venait
alourdir le prix de reviens du charbon.
[1] Verley, Exploitation de Champagnac : Rapport à
monsieur le directeur général, 22 mai 1949
[2] C
Monomakhoff, « NOTE donnant la CONCLUSIONS sur les ETUDES de CHAMPAGNAC
menées en 1947 et 1948 ».
[3] C
Monomakhoff, « Charbonnages de France : Service géologie et gisements :
Note sur le bassin de Champagnac », 1957.
[4] « Compte-rendu
de la réunion de la XVIIe région économique du 25 septembre 1958 », .
[5] « Marche
des exploitations Janvier 1959 », .
[6] Pailler,
« Etudes d’un échantillon de 0-45 brut de Champagnac », 1947.
[7] « Statistiques
des Houillères d’Auvergne 1958 ».
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