Le 13 octobre 1877 naissait le syndicaliste français Toussaint Marius Flandrin, dont la vie est un bon exemple du syndicalisme et de sa réception dans la société du début du XXe siècle. Fils d'ouvrier, il commença à travailler comme son père à l'arsenal de Toulon où il occupa divers postes à partir de 1898 tout en s'engageant politiquement au sein d'organisations et de syndicats anarchistes. Mais il eut des soucis avec la justice et son employeur puisque Flandrin, comme beaucoup d'anarchistes, était antimilitariste et pacifiste et participa ainsi à la mise en place d'une propagande antimilitariste dans l'arsenal en pleine Première Guerre mondiale. S'il put obtenir un non-lieu devant la justice, il fut cependant congédié en février 1917 puis affecté au 61e régiment d'infanterie car étant devenu mobilisable mais n'aurait semble-t-il pas participé aux combats (ses états de service sur cette période sont peu précis).
Après la guerre, il réussit à être réintégré à l'arsenal en juin en 1919 grâce à l'appui de la Confédération générale du travail (CGT) dont il devint le secrétaire général en août et l'un des délégués lors du congrès de la CGT de septembre 1919. Comme beaucoup de militants révolutionnaires de l'époque, Flandrin fut séduit par la Révolution russe et prôna l'établissement d'un système soviétique et mena dans le même temps une campagne pour l'amnistie des déserteurs qui lui valu bien des hostilités. Il fut finalement arrêté en mai 1920 pour « complot contre la sûreté intérieure de l’État » et fut de nouveau radié de l'arsenal. La grève déjà en préparation fut alors lancée et beaucoup de syndicalistes furent sanctionnés par leur direction. La vie de Flandrin fut en effet rythmé par ses nombreux déboires avec la justice et/ou sa direction qui lui firent perdre à plusieurs reprises son emploi à l'arsenal comme après son arrestation de 1920 mais aussi en 1925 après un article antimilitarisme ou en 1935 suite à des affrontements avec les forces de l'ordre lors d'une manifestation. Il fut néanmoins plusieurs fois réintégré comme après la victoire du cartel des gauches en 1925 et l'amnistie de plusieurs condamnés pour antimilitarisme ou désertion ou la victoire du Front populaire en 1936. Il prit finalement sa retraite de l'arsenal en 1937.
Son militantisme ne s'en démordit pourtant pas puisqu'il devint au fil des années une figure majeure du syndicalisme révolutionnaire au niveau local. Il fut notamment secrétaire de l'Union départementale de la CGTU puis secrétaire permanent de leur Union régionale à Clermont-Ferrand. Ce fut là qu'il soutint la grève des mineurs de Champagnac en décembre 1929 et devint la cible d'attaques, notamment à travers un tract anonyme dont je vous parle ici : https://www.youtube.com/watch?v=IK1kBIw8nUk
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De retour à Toulon où il tint une épicerie, il continua de militer à la CGTU et au PCF et occupa même un poste au conseil municipal de Toulon en 1934. Son militantisme lui valut d'être interné dès 1939 car étant jugé dangereux pour l’effort de guerre et il passa ainsi toute la guerre en détention dans différents camps avant d'être libéré en 1944 et de militer jusqu'à sa mort en 1953 à l'âge de 75 ans.
En images : tract anonyme diffusé lors d'une grève à la mine de Champagnac en 1929.
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